mardi 26 février 2013

Wolf Biermann parcours d'un chansonnier allemand engagé

 2009, W. Biermann
 La vie et l'oeuvre de cet artiste de chansons populaires illustrent bien l'un des bouleversements à l'étude du nouveau programme de TES et TL -Thème 2 "socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne" après 1945. Allemand de l'Ouest, issu du milieu ouvrier de Hambourg, il devient un ardent défenseur du socialisme, s'installant en RDA en 1953. Considéré comme dissident dès 1963-1965, il est poussé à l'exil en RFA après 1976. Ce n'est qu'après la chute du mur (9 novembre 1989), en décembre 1989, qu'il retourne vivre à Berlin.

L'enthousiaste militant
Wolf Biermann nait à Hambourg en 1936, d'un père mécanicien au chantier naval. Résistant communiste et juif, ce dernier est déporté à Auschwitz en 1943.
Sans doute peu après 1948, Wolf Biermann s'engage dans les FDJ (Frei Deutche Jugend "Jeunesse libre allemande") participant au rassemblement du mouvement en RDA. Les FDJ sont supprimées en 1951 à l'Ouest (elles comptaient environ 30 000 membres). Elève studieux, il débute ses études au lycée de Hambourg- fait assez rare chez les enfants d'ouvriers- mais décide de quitter sa mère en 1953 (à 16 ans) pour rejoindre la RDA, convaincu par l'idéal socialiste. Il adhère au SED, suit des études supérieures tout en occupant la fonction de régisseur assistant au Berliner Ensemble. Il y rencontre Hanns Eisler (élève de Schönberg). Le compositeur détermine sa future carrière. Eisler vient de composer l'hymne de la RDA, se pose en musicien du réalisme socialiste de RDA et de Brecht. W. Biermann se tourne définitivement vers l'écriture de chansons après l'interdiction de produire en 1963 une pièce sur la construction du mur de Berlin au Théâtre des travailleurs et étudiants de Berlin-Est (ost-Berlin Arbeiter-und Studentheater qu'il venait de fonder en 1961). Le parti le raye de ses membres.
Artiste de RDA reconnu en RFA
Il se produit à l'Ouest comme chanteur engagé auprès des jeunes étudiants. Dès 1965, les vagues de censures décidées par le parti lui imposent l'interdiction de jouer en concert, de publier ses écrits "non conformes aux idéaux socialistes" (cf H. Yéche, in l'identité déchirée de W. Biermann) mais demeure très populaire en RDA (ses disques et écrits se diffusent au marché noir).
1976 exil forcé en RFA
En 1976, W. Biermann apprend à Cologne, à l'issue d'un concert donné pour les métallurgistes, sa déchéance de RDA. Il est contraint à l'exil à l'Ouest avec son épouse et sa belle-fille (la future chanteuse Nina Hagen).
Et lorsque j'ai été exilé 
D'Allemagne en Allemagne
Les choses ont changé pour moi
Si peu, hélas, et tellement
J'ai dans mon propre corps
Fait cette expérience brutale :
Passé de mon plein gré d'Ouest en Est
Contraint de retourner d'Est en Ouest
(première strophe de "Deutsches Miserere" en 1978)
Amer retour à l'Est en décembre 1989
Découvrant des milliers de pages sur ses activités quotidiennes dans les dossiers de la Stasi à l'Est, et non convaincu par le capitalisme, il se tourne vers cette vie passée en composant Berliner Liedchen, une chanson morose sur l'état d'esprit de nombreux Allemands dans les années 90.
Petit chant de Berlin   (vidéo en lien)                                       
L'Ouest est meilleur                                                           L'Est est plus mauvais
L'Ouest est plus coloré                                                      L'Est est plus gris
Et plus beau et plus top                                                    Et les chances sont minces
Et plus riche et libre                                                          Et le besoin est grand
Et malgré tout                                                                    Et malgré tout : 
Je te dis la vérité :                                                             Le rêve de la Commune
L'Ouest n'est pas non plus-ce qu'on fait de mieux      Etait seulement endormi et pourtant
                                                                                              -est loin d'être mort
Biographie en lien

mardi 19 février 2013

Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne depuis 1875

Dans le thème 3 d'histoire du programme des TES et TL, "Idéologies, opinions et croyances en Europe et aux Etats-Unis de la fin du XIXe siècle à nos jours", "socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne depuis 1875" pose la question de la centralité du travail et des partis ouvriers dans la démocratie sociale allemande depuis le 1875. A la fois complexe et riche, ce chapitre a fait l'objet d'une émission de la Fabrique de l'histoire du mardi 6 novembre 2012 à podcaster sur le site de France Culture.
Les invités en étaient Sandrine KOTT (professeure d'histoire contemporaine de l'Europe à l'université de Genève, spécialiste de l'histoire du travail et des politiques sociales en Allemagne) et Michel Christian (docteur en histoire contemporaine, spécialiste de l'histoire sociale des partis communistes en RDA et Tchécoslovaquie).
En rappel, vous pouvez accéder au résumé en podcast de ce cours sur le site de votre manuel d'histoire.
Pour approfondir votre cours, vous pourrez consulter les sites suivants :
Sur le Spartakistes, une fiche et une courte vidéo.
Non à Hitler (site de l'exposition : la Résistance du mouvement ouvrier et des syndicats allemands entre 1933 et 1945), le catalogue à télécharger en version pdf.
N'oubliez pas l'accès via l'ENT à l'Encyclopedie Universalis

mardi 5 février 2013

London Shard, mettre en scène le pouvoir dans une ville globale

La tour la plus élevée d'Europe mesure 310 mètres et participe au skyline, vitrine du quartier sud de la Tamise, face à la City (premier CBD, le second est Canary Wharf).
Les villes de rang mondial poursuivent une course à la verticalité alors même que le terrorisme avait frappé le 11 septembre 2001 le symbole même de la puissance financière à New-York. Le Shard est la première tour mixte de Londres, ville dans la ville en abritant à al fois un hôtel, des bureaux, des commerces et des logements. Le projet parisien de Jean Nouvel dans le quartier proche de la ZAC Paris Rive Gauche véhicule en partie de semblables débats d'opinion dans les médias.
capture écran brochure de marketing urbain en lien
 Cette photographie, choisie pour illustrer la brochure de marketing urbain (contribuant à attirer les entreprises) de la tour Shard, contribue à mieux saisir les débats :
- mettre en scène le pouvoir financier et économique des entreprises proches du quartier d'affaire de la City
-densifier le quartier avec une tour bâtie directement sur la  London Station pour limiter les déplacements automobiles en centre urbains (Londres a déjà aménagé un péage en 2005) et contribuer aux déplacements en transports en commun 
-favoriser la mixité sociale pour rompre une ségrégation socio-spatiale forte des quartiers au Sud plus populaires, délaissés par les projets urbains des dernières années
-occulter des monuments de la ville alimentant les conversations comme "épine dans le coeur de Londres".
Son inauguration en février 2013 a suscité l'admiration de ceux qui en espèrent à la fois des retombées touristiques (même si le billet pour se rendre au sommet panoramique coûte 130 euros au visiteur adulte n'ayant pas réservé sur le site dédié) et y lisent une nouvelle page d'histoire de l'urbanisme à Londres. La capitale, depuis les années 70, ne cesse de réaménager son espace, passant d'une ville marquée par l'industrialisation et ses fonctions de commerce à une capitale innovantes (avec des réalisations se posant en modèles comme le furent le Grand Londres ou  le quartier BEDZED, l'aéroport de la City plus en aval de la Tamise, le quartier olympique dernièrement). Cette politique rompt avec la patrimonialisation du centre des villes européennes.
Un article pour approfondir le sujet en lien.